Synthèse, installation comestible et photographique présentée lors du vernissage de l’exposition « Parcelles », dans le cadre du programme « Figure de l’artiste #3 », le 11 décembre 2018.
Espace d’exposition, Institut Catholique, Lille.
Espace d’exposition, Institut Catholique, Lille.
L'un des derniers projets que j'ai créés est une installation comestible qui a été présentée le mardi 11 décembre 2018 lors du vernissage de l'exposition « Figures de l'artiste #3 ‑ Parcelles » dans la salle d'exposition de l'Université Catholique de Lille. Cette exposition eut lieu dans le cadre d'un cours sur l'art contemporain que je donne depuis plusieurs années à des étudiants du Master Management de la Culture, en lien avec les cours de deux autres collègues, Cindy Lelu, photographe, et Cyril Crépin (dont le nom d'artiste est Cyril Caine), photographe et réalisateur de documentaire. Après avoir présenté tous les trois nos travaux aux étudiants, ces derniers étaient invités à répondre à nos pratiques respectives sous forme d'une réalisation artistique ou documentaire. Puisque nous étions tous les trois enseignants‑artistes, nous avons aussi présenté une œuvre lors de l'exposition. L'idée était de créer un dialogue entre nos travaux et ceux des étudiants, ce qui a très bien fonctionné.
En ce qui me concerne, j'avais suggéré aux étudiants de s'intéresser plus particulièrement aux différentes Photographies associées à... que j'avais réalisées, afin de questionner leur statut. Certains étudiants ont donc répondu de manière assez littérale en reprenant l'idée du paysage alimentaire, d'autres ont créé des pièces ayant un rapport plus large ou personnel à l'alimentation. Ils souhaitaient également que je construise une installation comestible sous forme de buffet pour le vernissage. Je voulais néanmoins les faire participer : j'ai donc dressé une liste avec les recettes des différents mets issus de mes projets puis ils ont choisi ceux qu'ils souhaitaient que je présente, moyennant leur aide pour la cuisine. J'avais émis l'idée de choisir un plat par projet correspondant à une Photographie associée à... mais peu d'entre eux étaient aventureux et j'ai donc dû adapter la liste des mets à réaliser. Par exemple, ils ne voulaient pas de la « Brique végétale aux chrysanthèmes » même si cette recette est très bonne et représente bien l'installation Coin de cabane de jardin, selon moi.
L'installation comestible que j'ai présentée se dressait finalement sous la forme suivante. Dans un coin formé par un mur de la salle et une cimaise, j'ai présenté, encadrées, sept Photographies associées à... sept projets dans l'ordre chronologique, de gauche à droite. À environ 1m50 des murs, j'avais placé une table en bois, d'environ 2m50 de long sur 1m de large, recouverte d'un patchwork des différentes nappes, tissus et toiles cirées que j'utilise depuis plusieurs années pour la mise en scène de mes installations, performances et ateliers. Sur cet assemblage, les mets suivants étaient disposés de gauche à droite, toujours dans l'ordre chronologique défini par les photographies : des tuiles à la myrtille (Tartine carbone) ; les crépis de guacamole en trois façons (Prendre soin) ; un seau de mini‑Galettes des Rois, avec une seule fève pour l'ensemble (100% pur beurre) ; un flan à l'o(i)gnon (synthèse de la vidéo O(i)gnon et de Eggberg, inventé pour l'occasion) ; un appareil permettant la création de barbes à papa sur une brosse à cheveux ronde (Coupe‑faim) ; et une cagette contenant des carreaux de crackers aux graines de fleurs (Coin de cabane de jardin). Sur une étagère disposée en angle à l'extrémité gauche de la table, j'avais disposé des boissons aux fleurs : eau de lavande, eau de carthame et sirop d'hibiscus. Des arrosoirs contenaient de l'eau afin de diluer le sirop. Gobelets, barquettes, fourchettes et serviettes venaient compléter le dispositif : il est parfois difficile de se passer de ces éléments pour des questions d'hygiène, de propreté et donc, de logistique.
Ces sept photographies étaient donc mises en regard de mets issus des projets évoqués tout au long de cet essai : l'objectif était de créer une synthèse de mon travail sous la forme d'une installation comestible qui permettait également de mettre en avant cette série de photographies devenue, au fur et à mesure, un véritable projet artistique en soi. Le titre Synthèse est évidemment très en lien avec cette idée : il s'agissait de réunir différents objets, photographies, mets, ustensiles ou nappes afin de créer un moment singulier documentant une pratique. Synthèse contient également le mot « thèse », ce qui n'est pas un hasard : à l'heure où j'écris ces lignes, j'envisage de présenter un dispositif analogue lors du pot de thèse qui aura lieu après ma soutenance. En fait, je réfléchis à ce dispositif depuis plusieurs années : j'ai toujours envisagé ma soutenance de thèse comme une synthèse entre théorie et pratique autour de cette question de la « cuisine plasticienne ». Dans ce cadre, j'avais conçu le projet présenté à l'Université Catholique de Lille comme une sorte de test, de répétition de ce moment, pour voir si tout s’agençait et fonctionnait bien.